Pour Béatrice Falise-Mirat, directeur de l’activité Santé d’Accenture en France : « La mise en place d’une santé connectée en France est en cours. L’Etat, les acteurs régionaux et les investisseurs privés cherchent à développer une approche continue et intégrée de la prise en charge du patient, et à progressivement abandonner l’approche sectorisée. ».
L’objectif du travail d’Accenture est d’identifier la maturité de différents systèmes de santé dans une perspective d’utilisation de plus en plus systématique de solutions informatiques adaptées. Les conclusions apportées par l’étude sont le fruit de travaux de recherche basés notamment sur des entretiens qualitatifs (plus de 160) avec des représentants du secteur de la santé, parmi lesquels des représentants des pouvoirs publics, des cliniciens, des spécialistes de la santé numérique, des universitaires, etc. Ils se basent également sur une enquête menée auprès de 3 700 médecins dans les huit pays concernés et dont les résultats ont été publiés en début d’année. Il ressortait de cette première enquête qu’il existe un consensus chez les médecins autour des avantages liés à l’utilisation des nouvelles technologies dans le domaine de la santé même si les défis pour construire un environnement numérique de santé connectée à l’échelle mondiale sont encore nombreux.
Ces travaux intitulés « Une santé connectée : la voie idéale vers une intégration des soins de santé » utilisent un indice de maturité de la santé connectée mis au point par Accenture, qui compare les progrès relatifs des différents pays en matière d’adoption des systèmes informatiques de santé et de recours à l'échange des informations de santé (EIS) entre les cliniciens et les établissements.
Cet indice est calculé à partir de l’usage par les médecins de 4 fonctionnalités informatiques clés (outils administratifs, saisie électronique des notes sur les patients, alertes/rappels électroniques et systèmes informatisés d’aide à la décision) et de 7 fonctionnalités d’administration et d’échange des informations de santé en liaison avec d’autres acteurs (communication électronique, notifications en ligne, orientation vers un confrère par voie électronique, accès en ligne aux données cliniques concernant les patients examinés par un établissement différent, ordonnance électronique, réception de résultats cliniques et demandes d'examens par voie électronique).
L’étude fait ressortir des différences dans l’utilisation de l’informatique appliquée à tous les types de soins. Dans le domaine des soins généralistes, par exemple, l’Espagne affiche le degré le plus élevé de « maturité » de la santé connectée. En effet, d’après l’étude, 58 % des médecins espagnols utilisent habituellement des fonctions informatiques de santé, et 52 % pratiquent régulièrement l’échange d’informations. Bien que l'indice de maturité de l’utilisation des systèmes informatiques dans les soins généralistes soit plus élevé en Angleterre (63 %) et en Australie (62 %), le recours à l'échange d'informations par les médecins généralistes est nettement moins fréquent.
Concernant les soins spécialisés, les systèmes d’information de santé ou l'échange d'informations sur les patients se situent généralement à un stade moins avancé que chez les praticiens de soins généralistes, à quelques exceptions près, notamment à Singapour. L’étude montre toutefois que les spécialistes américains et allemands utilisent tout autant les systèmes informatiques que leurs confrères généralistes. C’est au Canada et en Australie que la prévalence de l’échange électronique d’informations serait la plus faible.
Les conclusions pour la France en regard des autres pays étudiés : L’étude montre que la France a fait des progrès significatifs en matière d’adoption des systèmes d’information de santé et de communication des informations, en particulier dans les soins généralistes.
- Environ 86 % des médecins généralistes français saisissent informatiquement leurs notes sur les patients, pendant ou après la consultation, contre 71 % environ pour les autres pays étudiés.
- L’étude montre également que 57 % des praticiens, aussi bien dans les soins généralistes que spécialistes, recourent aux outils électroniques pour alléger la charge administrative, ce qui dépasse légèrement la moyenne de 53 % pour l’ensemble des huit pays.
- 29% des médecins généralistes et 35% de spécialistes communiquent par voie électronique avec leurs confrères d’autres établissements ou cabinets, alors que respectivement 44% et 43% le font en Espagne et 12% et 36% en Allemagne.
- Environ 10 % des médecins reçoivent une notification électronique des interactions de leurs patients avec d’autres organisation de santé, soit un peu en deçà de la moyenne des pays étudiés qui se situe à 18 %.
- Environ 60 % des médecins généralistes français reçoivent par voie électronique les résultats destinés à alimenter le dossier médical électronique de leurs patients, ce qui dépasse la moyenne de 56 % enregistrée par l’étude.
- Environ 20 % des médecins généralistes et spécialistes envoient par voie électronique des lettres de recommandation à d'autres établissements ou cabinets, soit un tout petit peu moins que la moyenne de 24 % sur les huit pays.
- Seulement 12 % des médecins généralistes et 21 % des spécialistes ont envoyé par voie électronique des demandes d’analyses à des laboratoires, contre 32 % pour l’ensemble de l’étude.
- Quelque 17 % des spécialistes envoient leurs ordonnances aux pharmacies par voie électronique, ce qui correspond à la moyenne des huit pays étudiés... lire la suite : La France progresse dans l’adoption des technologies de santé - Accenture - Étude sur le Système de Santé Connecté -